Ce blog est un SOS pour l'ancien ciné de Langoiran en Gironde, bijou architectural art déco classé à l'inventaire des Monuments historiques. Abandonné depuis 30 ans, le Splendid prend l'eau et menace de s'effondrer. Donnons-lui une chance de revivre !

Bienvenue !

"La dignité d'une communauté humaine peut se mesurer à l'attention qu'elle accorde à ses espaces publics". Ce mot de l'écrivain bordelais Michel Suffran, cité par le quotidien "Sud-Ouest" du 20 février 2007, fait référence, en contrepoint, au triste état dans lequel se trouve la Bourse du Travail à Bordeaux. Mais il pourrait très bien s'appliquer au cinéma Splendid de Langoiran, bel édifice art déco aux allures de temple païen, lui aussi délaissé.

Avec ce blog, avec l'élan et les initiatives qu'il va, je l'espère, susciter, je vous propose de retrouver un peu de cette dignité en faisant renaître un lieu culturel public. Le défi est grand car la tentation de ne rien faire, le fatalisme sont tout aussi grands.


Est-ce utopique de vouloir un lieu pour partager et échanger nos idées et nos cultures sous prétexte que la communauté humaine en question est située en milieu rural ? Est-ce utopique de vouloir préserver un patrimoine, une architecture, témoignant de la richesse du XXe siècle en un temps qui ne jure que par le médiéval ?

Si vous répondez deux fois "non" aux interrogations précédentes, que se passe-t-il ensuite ? De multiples contributions au projet de renaissance du Splendid sur ce blog. De multiples contributions dans la "vraie" vie aussi, où il faudra retrousser ses manches, donner de son temps et, peut-être un peu de son argent pour que nous profitions, tous, d'un patrimoine vivant !






mardi 29 janvier 2008

La lutte continue!



Petite rumeur non vérifiée mais c'est pour cela aussi que c'est une rumeur...
La mairie se résoudrait à vendre pour un euro symbolique le Splendid...mais à qui?
A Sabine peut-être pour son anniversaire!
En attendant confirmation, un seul mot: RESISTANCE!
DAM'S

dimanche 27 janvier 2008

La réunion publique, quel succès !

Plus de 130 personnes sont venues débattre de l'avenir de la salle du Splendid, vendredi 18 janvier dernier, prouvant ainsi l'intérêt du public pour ce lieu (reconnu monument historique et protégé à ce titre) et sa réutilisation. Il ressort en effet des débats que, même si tout le monde ne partage pas forcément les mêmes options quant à la finalité de sa réexploitation, il n'y a plus personne désormais pour s'opposer à la sauvegarde, à la réhabilitation et à l'utilisation ultérieure de cette salle.

Pour tous, présents ou absents à ces débats, voici un compte-rendu de cette réunion publique, que nous espérons fidèle à défaut d'être exhaustif. N'hésitez pas à apporter vos commentaires et votre grain de sel !


En dépit d'un début de polémique entre la représentante de l'actuel maire, Raoul Orsoni (candidat à sa succession), invoquant l'état des finances laissée par l'ancienne municipalité pour justifier l'immobilisme de l'équipe en place et Robert Bibonne, ancien maire (candidat lui aussi), récusant ces propos, le débat vendredi est passé très rapidement au-dessus de ces échanges aigres-doux, montrant par là que les préoccupations électoralistes ne sont plus de mise face à l'urgence de la situation et la nécessité d'agir concrètement.

Rappelons que la réparation de la toiture du Splendid (mettant fin à la dégradation du monument) a été estimée par les artisans sollicités pour devis en 2004 entre 16 000 et 18 000 euros. Sa réhabilitation totale, selon différentes estimations, se chiffre, elle, autour de 700 000 euros.

Le Splendid, objet patrimonial
Philippe Araguas, professeur d'histoire à l'université de Bordeaux III, a amorcé la réunion par un exposé liminaire expliquant l'intérêt historique et patrimonial du Splendid. Pour lui, ce lieu constitue un objet patrimonial en ce sens que l'on ne peut en disposer à sa guise mais que l'on se doit de le transmettre aux générations futures. Cette salle, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques (depuis 2002) est le dernier témoignage girondin de ce que fut l'histoire du cinéma, fait culturel majeur de l'entre deux guerres. Le Splendid, plus qu'un objet architectural d'une grande beauté formelle (style Art déco), conçu par un architecte talentueux mais peu prolifique, André Lamire, peut aider à comprendre ce que fut la civilisation de cette période et sa destruction signifierait celle de cette civilisation qui fut le ferment de ce que nous sommes. Le contre-exemple à ne pas suivre, selon lui, c'est le Rex de Bordeaux. Bien que classé monument historique, ce cinéma de prestige et témoin d'une époque a fini par être détruit.

Le Splendid, objet de désirs et d'attentes multiples
Les premiers échanges avec la salle permirent alors de dégager toute une série d'attentes qui, toutes, vont dans le sens d'une réutilisation maximale de cette salle. Au delà de la préservation de l'objet Splendid, c'est son utilité dans un contexte d'absence d'alternatives crédibles d'espaces publics qui est à noter. Ce fut notamment le sens des interventions des directrices des écoles de Langoiran et du Tourne qui sont "désespérément à la recherche d'une salle pour les activités des enfants". Que ce soit pour des réunions avec les parents, pour lesquelles elles doivent débourser plus de 100 euros dans la location d'une salle, ou pour la présentation des activités artistiques de leurs élèves, pour lesquelles elles sont parfois contraintes d'aller jusqu'à Castillon-la-Bataille pour trouver un lieu, les deux directrices estiment qu'il serait "économique, écologique et simplement plus intelligent de faire avec ce que l'on a sur place." Un peu plus tard, Marie-Christine Plion, professeur de danse à l'école de musique et de danse de Langoiran, enfonçait le clou en soulignant que, depuis 10 ans qu'elle exerce cette fonction, "[ses] collègues et [elle-même] se creusent la tête pour trouver un lieu de représentation."
Christophe Azema, responsable de la culture au sein de la communauté de communes (CdC) du Vallon de l'Artolie (9 communes dont Langoiran, 8000 habitants) a confirmé ce constat plus tard. Sur le territoire, il y a de gros besoins de locaux adaptés en terme de diffusion de spectacles, une forte demande de la part du public et pas de lieux de création. La CdC est pourtant repérée au niveau des institutions comme faisant preuve d'un véritable foisonnement culturel par la présence d'un nombre important d'artistes qui y vivent et aimeraient aussi y travailler alors qu'ils sont pour l'instant obligés de la quitter pour y parvenir.
Céline Gadrat, responsable de la bibliothèque de Langoiran, a rappelé que sa structure manque cruellement de place pour des actions culturelles ou des conférences, mais aussi le stockage de livres et l'extension de la bibliothèque.

Parmi les intervenants, les solutions privilégiées étaient en grande majorité celles d'une salle pluri-culturelle pouvant accueillir différents types de spectacles ainsi que pour servir de lieu créant du lien social (c'est-à-dire pour des débats, des réunions, etc). Pour Cécile Dion, programmatrice du cinéma de Créon, il apparaît en effet que l'âge d'or du cinéma est révolu et que créer ici une salle qui ne serait que dévolue au cinéma ne pourrait que mettre en péril l'existence des salles de Créon et de Cadillac, situés chacune à 10 km de Langoiran, sans bénéficier à cette dernière. Elle abondait dans le sens du projet présenté voici quatre ans par Splendid Asso consistant à aborder la diffusion cinématographique par le biais de films appartenant au patrimoine du cinéma (classiques du 7e art, films muets, films en vieux format, 16 mm, 8 mm...) et, en tous les cas, en proposant une diffusion alternative par rapport aux autres offres existantes. Un habitant de Cardan soulignait alors que si l'architecte André Lamire avait été inventif dans sa conception de la salle, il convenait de l'être désormais dans l'usage que l'on pouvait en faire et que cela devait devenir un lieu de foisonnement dans son utilisation.

Mises en garde et conseils à prendre en compte pour tout projet
La première mise en garde a été exprimée par Jean-Pierre Dufour, conseiller régional mais intervenant en l'occurrence en tant qu'habitant de Langoiran. Dans l'optique de l'élaboration d'un projet, il est important de ne pas considérer les conseils généraux et régionaux comme de simples tiroirs caisses, a-t-il expliqué. C'est le rôle d'un élu de se renseigner sur les priorités définies par ces deux institutions afin de voir dans quelle direction orienter un projet. Il déplorait n'avoir jusqu'à présent jamais entendu un élu langoiranais avancer le moindre projet. Mais surtout, il conseillait à ceux qui s'occupent du dossier du Splendid de créer un comité de projet pour trouver des solutions qui répondent à certains besoins : "Ne nous précipitons pas mais ce qui compte, ce sont les projets."
La deuxième mise en garde est venue de Philippe Araguas. Le Splendid ne pourra pas et n'a pas vocation à répondre à tous les besoins - y accueillir une médiathèque, par exemple, reviendrait à le défigurer. L'universitaire propose, lui aussi, de ne pas de se précipiter et de réfléchir à un projet qui respectera le mieux l'objet patrimonial que constitue le Splendid et son architecture. L'urgence est de mettre fin à la dégradation du monument, rappelle-t-il.
Troisième conseil, donné après la réunion publique par Hervé de Gabory, conseiller général du canton, qui a assisté au débat. Le président de la commission culture du Conseil général de la Gironde a suggéré à l'association Splendid asso de solliciter la commission culture du pays Cœur-entre-deux-Mers pour obtenir des fonds pour une étude de faisabilité de la réhabilitation du Splendid.

La position de la communauté de communes
Interpellée par Colette Lièvre, créatrice de la Route François Mauriac et des Cahiers de l'Entre Deux Mers qui estime que le Splendid doit être une salle intercommunale, Colette Scott, présidente de la CdC du Vallon de l'Artolie rappelait que, intéressée par tout ce qui est culturel, elle fut membre du collectif du Splendid à son origine, avant que le collectif ne devienne association et que Colette Scott ne devienne présidente de la CdC. Mais elle rappelait aussi et surtout le travail contrarié de la structure intercommunale pour faire avancer le dossier Splendid. Après un diagnostic culturel effectué en 2001 qui révélait le manque de salle de spectacles sur le territoire, Colette Scott avait été convaincue que le Splendid devait être sauvé. Mais la CdC n'étant pas propriétaire des lieux, elle ne peut intervenir dans un bâtiment que, paradoxalement, la mairie de Langoiran semble vouloir ne pas transférer au niveau communautaire alors qu'elle ne propose aucun projet pour ce lieu.
Par le biais d'un fonds de concours, la CdC a toutefois déjà offert à la commune son aide en permettant à Langoiran de garder la propriété du bâtiment, mais la municipalité a refusé de solliciter ce fonds. En conclusion, Colette Scott estimait que la CdC est plus qu'enthousiasmée par le Splendid et convaincue de son utilité : "Si Langoiran veut nous l'offrir pour un euro symbolique, nous l'accueillons les bras ouverts" concluait-elle.

François Gabillaud, maire de Cardan, a rappelé aussi qu'il y a deux ans, la CdC avait inscrit dans le contrat du pays Coeur-entre-deux-Mers, 20 000 euros pour effectuer des réparations d'urgence au Splendid et que la commune de Langoiran ne les a jamais demandées.
< Petite précision : en fait, il s'agit de 20 000 euros pour financer une étude sur la réhabilitation de cet ancien cinéma. La mairie de Langoiran n'a pas lancé cette étude. Elle a en revanche sollicité en 2004, pour la réparation de la toiture du Splendid, des subventions auprès de la DRAC et du Conseil général. Elle a obtenu des aides couvrant la moitié de la dépense mais faute ensuite de déposer un permis de construire et de lancer un chantier, elle a perdu le bénéfice de ces subventions.>

Mauvaise volonté municipale et faux arguments
La réhabilitation totale du Splendid est un chantier lourd mais pas impossible ont également souligné d'autres échanges au cours de cette réunion.
François Gabillaud a souligné que l'aspect financier n'était pas un élément à décharge pour ne rien entreprendre puisque pour des réparations dans un site inscrit, on peut obtenir jusqu'à 80% de subventions. En revanche, l'absence de volonté politique de la commune bloque toute action selon lui.
Sabine Andrieu présidente de Splendid Asso a rappelé pour sa part que la mairie de Langoiran n'ayant jamais voulu convoquer la commission départementale de sécurité pour obtenir un état des lieux des travaux de sécurisation à mener, l'association avait fait appel à un pompier préventionniste pour évaluer in situ les travaux à entreprendre et les a listés dans le rapport qu'elle a remis à la mairie et à la Cdc en 2004.
Nadine Semenoff, seule élue de l'actuelle municipalité de Langoiran à être présente, a estimé que l'on se heurtait, dans la réhabilitation du Splendid, à un problème majeur qui était la situation du bâtiment en zone inondable. Sabine Andrieu lui lisait alors le projet remis voici quatre ans à la municipalité, qui montre que ni le PPRI, ni le service maritime et de la navigation (consulté en 2004 par l'association) ne s'opposent à la réouverture et réutilisation du lieu mais listent une série de dispositions à prendre.

Sabine Andrieu se demandait si les élus de Langoiran avaient pris la peine de lire le dossier de l'association et regrettait de voir ressortir les mêmes arguments pour justifier toute absence d'action. Elle estimait qu'il s'agissait là d'un mépris inacceptable pour le travail de gens bénévoles mais pas incompétents qui ont pris sur leur temps pour produire un document volumineux et aussi exhaustif que possible. Pour Philippe Araguas, "la responsabilité majeure d'un élu est de connaître les dossiers dont on s'occupe." Il remarquait en outre que les problèmes d'inondations n'avaient pas été pris en compte lorsqu'il s'était agi de construire, dans le centre-bourg de Langoiran, un immeuble dont les parkings souterrains sont bien en dessous de la zone rouge et qu'il y avait une volonté délibérée de laisser pourrir le Splendid pour le livrer à la spéculation immobilière.

Après la réunion, il a été suggéré que l'association de sauvegarde envoie un questionnaire détaillé sur le Splendid à toutes les listes candidates aux élections municipales à Langoiran afin de leur permettre de clarifier leurs positions et intentions à ce sujet.


CONCLUSION
Au delà de l'aspect patrimonial, la population de Langoiran et des communes alentours a conscience de l'enjeu social et culturel que constitue l'ancien cinéma Splendid et de son rôle incontournable pour répondre à une demande de salles, d'espaces publics communs. Reste à faire converger ces demandes disparates pour établir un projet cohérent. Dans cette optique, il est apparu que la meilleure solution était de créer un comité de projet rassemblant largement des élus et des personnes compétentes préoccupées par l'avenir du Splendid et de soumettre, au terme d'une réflexion aboutie, un dossier aux institutions en prenant en compte leur préoccupations et priorités ainsi que celles des populations locales. Et bien sûr en s'assurant de la viabilité économique d'un projet, respectant les contraintes de protection historique et le cachet de la salle.

Mais l'urgence reste évidemment la mise hors d'eau du bâtiment, urgence, signalée dès 2003 par l'association Splendid asso à la municipalité de Langoiran et pour laquelle rien n'a été entrepris depuis.

mercredi 2 janvier 2008

IL N'EXISTE RIEN DE CONSTANT SI CE N'EST LE CHANGEMENT




En ces premiers jours de 2008, je vous souhaite une bonne année sur ces mots de sagesse.
Je vous joints les voeux de Sabine où tous nos souhaits et aspirations sont résumés.
RESISTANCE
DAM'S


Chers amis du Splendid,

En ce premier jour de l'année, je vous souhaite à toutes et tous plein d'heureux moments à partager avec toux ceux qui vous sont chers. J'espère aussi que 2008 verra enfin progresser favorablement la cause qui nous rassemble : la préservation et la réhabilitation du Splendid.

Comme nous en étions convenus à la suite de l'opération tuiles, une réunion publique pour discuter de l'avenir du Splendid sera organisée ce mois-ci par Splendid asso. Elle aura lieu exactement le vendredi 18 janvier 2008 à 20 heures à la salle municipale du Tourne. Aucune salle (chauffée) pouvant accueillir une centaine de personnes n'était libre à Langoiran ce soir-là. En fin de réunion, suivront un petit coup à boire et quelques gâteaux pour nous remettre de ces discussions forcément passionnées et passionnantes.

Le principe de cette réunion publique est le suivant: après une courte présentation (avec diaporama) de l'intérêt historique et patrimonial du Splendid par Philippe Araguas, professeur d'histoire de l'art à l'université Bordeaux-III, et quelques mots présentant les réflexions de notre association sur le devenir de cette salle, nous engagerons le débat avec la salle.

Avons-nous besoin d'une salle comme le Splendid sur le territoire de la communauté de communes du Vallon de l'Artolie, et plus largement sur ceux du canton de Cadillac ou du sud Gironde ? Reconnu comme bâtiment historique et protégé à ce titre, il semble évident que ce lieu doit être réhabilité, entretenu, mais pour quelle finalité ? Pour quelle(s) utilisation(s) ? Faut-il le réhabiliter en totalité ou en partie ?

Nous convions toute la population, élus, associations, particuliers, à débattre librement de ces questions et tous les avis pourront s'exprimer. Des courriers d'invitation ont déjà été adressés en ce sens aux élus et responsables associatifs.

Merci à tous. A très bientôt et encore tous mes meilleurs vœux pour 2008 !

Splendidement vôtre,

Sabine Andrieu