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"Quai des Orfèvres", un monument du 7e art, signe l'acte de naissance d'un autre monument, le Splendid. Le cinéma de Langoiran, un petit village des bords de Garonne, ouvre ses portes le 20 février 1948 avec la projection du chef d'œuvre d'Henri Georges Clouzot.
Et c'est parti pour 26 ans de grand écran, grâce à la volonté d'un tandem de cinéphiles inédit: le curé du village, l'abbé Maxime Lafon et le garagiste Georges Dartiailh, qui décident de transformer des chais abandonnés de l'avenue Michel Picon en salle obscure. Les travaux ont lieu de 1942 à 1944, sous la houlette de l'architecte bordelais André Lamire, qui réalisera une œuvre ambitieuse. Un temple "hollywoodien" (*), avec sa façade Art déco, son entrée aux angles coupés par la courbe de deux guichets, sa salle de projection riche de 450 fauteuils et d'un écran de 12 m de long, et, enfin, son magnifique hall de gala ou "salle-promenoir", qui accueillera, après guerre, de grands bals populaires: les bals des corsets ou bals du Furet, donnés chaque année en l'honneur des ouvrières de l'usine de corsets du Tourne. Mais les années passant, les pas des fidèles –danseurs et spectateurs- se feront moins nombreux. 1974, avec l'arrêt de l'exploitation cinématographique, marquera la fin de cet âge d'or.
En 1990, la mairie de Langoiran rachète la salle à son propriétaire G. Dartiailh mais à part quelques bals, expositions ou kermesses dans le hall de gala, le Splendid vivote, et aucun grand chantier de restauration n'est engagé. En 1996 puis 1997, le couperet de la commission de sécurité de la préfecture tombe: la salle n'est plus aux normes et doit fermer.
Après trente ans de déshérence, le Splendid a subi les outrages du temps et plusieurs voies d'eau se sont déclarées mettant en péril la survie de l'édifice. Un collectif d'habitants se constitue en juin 2001 pour sa préservation et sa réhabilitation. Il se transforme en association (Splendid asso) après avoir organisé une journée portes ouvertes au Splendid en mai 2003 pour sensibiliser les élus et la population. Trois cents personnes ont fait le déplacement, témoignant ainsi de leur désir de voir revivre ce lieu magique [voir photo].
Après trente ans de déshérence, le Splendid a subi les outrages du temps et plusieurs voies d'eau se sont déclarées mettant en péril la survie de l'édifice. Un collectif d'habitants se constitue en juin 2001 pour sa préservation et sa réhabilitation. Il se transforme en association (Splendid asso) après avoir organisé une journée portes ouvertes au Splendid en mai 2003 pour sensibiliser les élus et la population. Trois cents personnes ont fait le déplacement, témoignant ainsi de leur désir de voir revivre ce lieu magique [voir photo].
Mais le "happy end" se fait attendre. Certes, aujourd'hui, le patrimoine architectural que constitue le Splendid a été reconnu puisque l'édifice est inscrit en totalité (y compris ses murs de clôture) à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis le 8 octobre 2002. Il constitue en effet, au niveau régional, un exemplaire rare de cinéma des années 1940, encore quasiment dans son état d'origine. En dépit de cette protection historique, pas l'ombre d'un chantier ne se profile pour l'heure au Splendid. Parce que comme toujours manque le principal nerf de la guerre de nos sociétés hypermarchandes: l'argent !
On en reparlera bientôt
(*) Pour une description complète des lieux, voir l'article de Philippe Araguas et de Jean-Marie Bertineau dans le n°44 de la revue Le Festin.
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